L’économie des villes de demain ou gérer la complexité des 2/3 

 

En Europe, les 2/3 de la population vivent dans des zones urbaines et ce chiffre continue de grimper ; les 2/3 de la richesse européenne (PIB) sont créés dans les villes, et plus des 2/3 (en réalité un peu plus de 70%) des émissions de CO2 sont générées dans les espaces urbains. C’est dire si les villes concentrent la plupart des défis du XXIème siècle : gestion démographique, création de valeur, et préservation de la planète. Malgré leur importance, peu d’études économiques globales leur sont consacrées, et les acteurs publics peinent eux-aussi à développer une vision globale. Certes, il y a bien eu de la part de la Commission européenne une tentative de réflexion transversale avec son essai « les villes de demain : défis, visions et perspectives », mais ce document date de 2011 ! Ce manque de vision globale a pour conséquence un manque d’action concertée et les politiques publiques continuent à s’inscrire dans une logique de silos : une politique pour répondre aux questions sociales, une autre pour aborder les questions environnementales, etc. Or l’essence même des villes est l’enchevêtrement des défis du fait de leur concentration géographique sur un petit territoire. Penser que l’on peut traiter l’un sans impacter l’autre est un leurre.

Réussir une politique de la ville, c’est la capacité d’avoir une approche globale pour maîtriser les enchevêtrements de défis. C’est compliqué, mais c’est indispensable. Un point de départ pour lancer cette démarche devrait être la réorganisation de l’espace urbain qui est au cœur de tout. Si la corrélation entre taille de villes et création de richesse est communément admise, certaines études commencent à pointer des effets de seuils. Ainsi, d’après l’OCDE, la relation entre revenu et effectifs de population commence à devenir négative pour des espaces urbains de plus de 6 millions d’habitants. Autre chantier indispensable : la rénovation énergétique. Tout le monde parle des 7 millions de logements qui sont des passoires thermiques. Mais aucun plan concerté n’est lancé pour les résorber. Or rénover ces logements se traduirait immédiatement par un soutien à l’activité du bâtiment, un gain moyen de pouvoir d’achat de 500 euros par an pour leurs habitants et une réduction significative des émissions de CO2 qui découlent en France pour 40% d’entre elles des bâtiments.

Valérie Rabault
Députée de la 1ère circonscription de Tarn-et-Garonne