29E JOURNÉE DU LIVRE POLITIQUE
SAMEDI 28 MARS 2020
table ronde N°4-14h50
Populisme : comment répondre aux extrêmes en France… et ailleurs
Animée par Michèle Cotta, éditorialiste, essayiste, avec :
Nicolas Baverez, avocat, essayiste ; Jean-Louis Bourlanges, Député (MoDem) de la 12ème circonscription des Hauts-de-Seine ; Alexis Corbière, Député (FI) de la 7ème circonscription de Seine-Saint-Denis ; Laurence Debray, historienne, écrivain et réalisatrice de documentaires ; Dominique Reynié, Directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol.org), Professeur à Sciences Po Paris ; Manuel Valls, Conseiller municipal (BCN) de Barcelone, Ancien Premier Ministre
L’histoire du populisme, ou « narodnitchestvo » de la racine « narod » signifiant le peuple, puise sa source dans l’Empire russe des années 1870. Véritable mouvement littéraire et philosophique, il propose alors une alternative au tsarisme et s’attache à la vie des milieux populaires. De nos jours, il renaît comme rhétorique politique exaltant les peuples et les exhortant à se libérer de l’oppression d’élites insatisfaisantes et à se protéger de la perte de leur identité historique.
Tentant d’écarter les accusations xénophobes ou bien racistes, « le populisme actuel … ne défend pas la race mais la culture occidentale », selon Raphaël Logier. Or, le populisme est au XXIème siècle ce que le totalitarisme était au XXème siècle, ce poison asphyxiant la démocratie et mettant à mal ses principes fondamentaux.
Liberté à circuit fermé. La construction européenne et la fluidification des relations internationales auraient asservi les peuples, les privant de leur souveraineté nationale et de la protection de leurs droits les plus propres, laissant alors libre court aux théories du complot. Le protectionnisme, voire l’isolationnisme tel celui des Etats-Unis d’entre-deux guerres, et le remplacement des élites nationales sont présentés comme salvateurs sur fond de désinformation et d’obscurantisme. Le projet du « Mur de Trump » à la frontière américano-mexicaine a ainsi trouvé sa justification.
Egalité délimitée par les communautés. La forte immigration et la protection des minorités supposeraient une préférence de la part des autorités pour les citoyens illégaux ou fraîchement naturalisés au détriment des populations dites originelles. Il faut donc restreindre l’accès aux étrangers et favoriser le « made in » national. Le peuple britannique s’est ainsi laissé séduire par le « Brexit » plébiscité par Boris Johnson.
Fraternité sans universalité. Pour Sartre, « autrui, c’est l’autre, c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi ». L’objectif est de former une cohésion nationale reposant sur une scission des citoyens entre ceux qui se ressemblent et les « autres ». On pensera aux actions militaires turques soutenues par Recep Tayyip Erdogan visant à repousser les kurdes turcs à la frontière syrienne.
La montée dramatique des populismes et celle des extrêmes politiques par lien de causalité nous ramènent certainement à un constat partagé par toutes les sociétés dans lesquelles il sévit, le populisme est un danger pour la démocratie, dont l’origine est la crise de la représentativité des élus générant un sentiment d’impuissance et in fine d’échec dans le cœur des citoyens. Pour Renée Fregosi, politologue et philosophe française, « ce que les populistes ont en commun, c'est cette disposition à faire clivage, à simplifier et hystériser les antagonismes. »