29E JOURNÉE DU LIVRE POLITIQUE
SAMEDI 28 MARS 2020
table ronde N°2-10h50
Catastrophisme : La France va bien, les Français se sentent mal…
Animée par Françoise Fressoz, éditorialiste, Le Monde, avec :
Marie-Christine Dalloz, Députée (LR) de la 2ème circonscription du Jura ; Gilles Finchelstein, Directeur Général de la Fondation Jean-Jaurès, directeur des études Havas Worldwide ; Jérôme Fourquet, Directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l’IFOP ; Olivia Gregoire, Députée (LaREM) de la 12ème circonscription de Paris
Etymologiquement, une catastrophe est le dénouement funeste d’une tragédie. Fidèle à son sens théâtral, l’événement catastrophique s’inscrit dans un imaginaire collectif dans lequel l’acteur principal doit faire face à un destin qui le mène à sa perte. Destin dans lequel il est réduit à la soumission devant une puissance aveugle qui le manipule. La catastrophe est une humiliation de la raison de par sa nature imprévisible et inéluctable. L’histoire nous enseigne que l’homme s’est toujours complu dans des récits catastrophiques, ce dont témoignent par exemple les nombreux mythes bibliques mettant en scène le Déluge ou le châtiment divin.
Le sens du terme de catastrophisme s’est progressivement élargi. Aujourd’hui, il exprime une attitude pessimiste excessive consistant à envisager la pire issue d’une situation. Ce phénomène est symptomatique des sociétés riches, développées et sécurisées ; plus nous sommes protégés, plus le risque nous semble insurmontable. Et c’est le cas de la France où les études sur le pessimisme nous classe au premier rang mondial. Il existe une tendance culturelle à surestimer les aspects négatifs et à sous-estimer les aspects positifs du présent, renforçant « le contraste entre le malaise des Français et la réalité des situations » selon les termes de l’historien et démographe Hervé Le Bras. L’optimisme progressiste incarné par les Lumières a cédé la place à une fascination pour la catastrophe qui attire la foule. Les Français entretiennent aujourd’hui un sentiment d’impuissance et de paralysie face à un coupable intouchable.
Avec la multiplication des médias et des réseaux sociaux, le catastrophisme prend une ampleur psychologique et politique considérable. Le journal télévisé obéit aux lois de l’offre et la demande. Or, certains médias hiérarchisent davantage au regard de l’émotion que de la raison.
Le catastrophisme est-il aujourd’hui responsable de nos angoisses et de notre façon d’appréhender nos relations au monde ? Est-il intrinsèque à nos sociétés ? Faut- il le relier au réchauffement climatique qui interroge notre rapport au progrès ? Cette tendance pessimiste est-elle symptomatique d’une absence de perspectives ? Enfin, est-elle une aubaine pour les mouvements populistes ?