Table Ronde 2

Transformations sociologiques : un territoire fracturé ?

Urbain versus Péri-urbain

Animée par :

Philippe Escande, éditorialiste économique du Monde

Intervenants :

Olivier Sichel, Directeur général adjoint de la Caisse des Dépôts, Directeur de la Banque des Territoires

Yann Algan, Économiste, doyen de l’École d’Affaires Publiques (EAP) et professeur d’économie à Sciences Po,

Hervé Le Bras, Démographe français, chercheur de l’INED et enseignant à l’EHESS


Les zones péri-urbaines rassemblent aujourd’hui 30% de la population française et viennent brouiller les différences entre milieux rural et urbain . Ce terme de péri-urbain implique un état de domination . En effet, les zones péri-urbaines ne sont pas des lieux de concentration de l’activité. Même si elles s’autonomisent petit à petit, elles restent dépendantes des centres : au moins 40% des habitants de ces zones travaillent dans un pôle urbain.


Ces couronnes périphériques sont en croissance constante depuis les années 1960 . Mais les disparités sont nombreuses entre les zones péri-urbaines de deux villes et ces différences sont encore plus grandes entre pays. Le nom même varie, passant de ‘’entre-ville’’ (Zwischenstadt) en Allemagne à ‘’ville diffuse’’ (citta diffusa) en Italie, ce qui complique l’appréhension de ce phénomène global.


Cette zone, qui devait être seulement provisoire, attendant que la ville réussisse à la rattraper et à l’intégrer, est aujourd’hui une réalité métropolitaine ayant son propre fonctionnement, à mi-chemin entre ville et campagne.


En France, cette catégorie a réellement pris de l’ampleur dans les années 1970, au moment de la désindustrialisation qui a déconnecté les trajectoires de l’emploi et du logement. Ainsi, l’emploi est resté concentré dans les pôles urbains alors que le logement a basculé vers les zones péri-urbaines. Cette transformation implique des questionnements, notamment en termes d’accessibilité et de mixité sociale.


Éloignées des pôles urbains, les zones périphériques ont fait la part belle à l’automobile, moyen de locomotion le plus efficace pour rejoindre les centres urbains. Or les embouteillages et les problèmes écologiques obligent à repenser la mobilité au sein des villes.


Ces zones péri-urbaines, inaccessibles à certaines catégories sociales de la population, sont responsables du développement d’un entre soi, vivement critiqué par les défenseurs de la mixité sociale. Ainsi, à l’heure où l’on constate un manque de cohésion important au sein de la société, comment peut-on inclure ces zones afin de recréer du lien ? Comment repenser la ville à la lumière du péri-urbain afin de réconcilier ces deux espaces de vie ?