Table Ronde 3
Transformations technologiques et numériques : des villes intelligentes ?
Libertés, risques, connectivité, accessibilité, mobilité, sécurité
Animée par :
Sophie Fay, journaliste économique chez L’Obs et chroniqueuse chez France Inter
Intervenants :
Louis Schweitzer, Président d’Initiative France, Président d’honneur de Renault
Eric Daniel-Lacombe, Architecte
Nathalie Leboucher, Directrice Europe de l’Ouest, Afrique du Nord et Moyen Orient chez Kapsch TrafficCom
Rendre la ville plus durable, plus connectée, plus attractive, est l’objectif des villes intelligentes. Pour cela, elles s’appuient sur les nouvelles technologies, tout en ayant à cœur d’inclure les citoyens à l’aide d’une gouvernance participative.
Aucune ville n’est entièrement intelligente. Pour l’instant, les projets concernent principalement des quartiers et non la ville dans sa globalité . En tête des classements mondiaux des villes intelligentes, Singapour a mis en place une politique de dissuasion d’utilisation de la voiture, grâce à l’amélioration des transports en commun, partiellement gratuits, et à l’instauration d’un système de licences limitées et très onéreuses. Dans la même idée, le prix du service autoroutier dépend de la congestion et est donc directement connecté au nombre d’usagers empruntant cette voie.
En France, Chartres est en train de développer un projet d’éclairage public communiquant. Equipés de capteurs, les luminaires ne s’allumeront que lors du passage d’un usager, ce qui permettra de réduire la consommation en énergie de la ville d’environ 10%.
Mais le projet le plus ambitieux est celui de Dijon qui veut regrouper sous un même poste de commandement les services de police, vidéosurveillance, sécurité, circulation et neige. Toutes les équipes d’intervention seront géo localisées et les équipements municipaux actionnables à distance. Enfin, une application citoyenne viendra compléter le programme permettant aux habitants d’effectuer des signalements géo localisés.
Malgré la multiplication des projets de villes intelligentes, de nombreuses critiques voient le jour. La première étant le coût des installations et la difficulté d’assurer un retour sur investissement. La gestion des informations récupérées est également un problème. Que faire de ces données ? Comment s’assurer qu’elles ne soient pas récupérées par des entreprises commerciales sans l’accord des citoyens ? De plus, la prégnance des systèmes de vidéosurveillance et de reconnaissance faciale, nécessaires au fonctionnement des villes intelligentes, pose la question du respect de la vie privée. A quel moment bascule-t-on dans une société de surveillance où tous nos faits, gestes et données sont observés et analysés ?