DÉBAT N°3
Nouveaux clivages politiques, nouvelles formes de mobilisation citoyenne : du parti aux mouvements, quel avenir pour les partis traditionnels ?
Animé par Arlette Chabot, éditorialiste, LCI, avec :
Nicolas Colin, co-fondateur de The Family ; Alexis Corbière, député (FI) de la 7ème circonscription de Seine-Saint-Denis ; Hugues Renson, député (LaREM) de la 13ème circonscription de Paris, Vice-président de l’Assemblée nationale ; Myriam Revault d’Allonnes, philosophe, professeur des universités, chercheur associé au CEVIPOF ; Dominique Reynié, professeur des universités à Sciences Po, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique
En Espagne, la Catalogne cherche les voies de son indépendance et défie quotidiennement un pouvoir madrilène usé jusqu’à la corde. En Italie, la Ligue lombarde bouscule chaque jour davantage ce qui reste d’unité dans un État perclu de rhumatismes. En France, autonomistes et indépendantistes corses, forts de leurs succès électoraux, exigent des libertés nouvelles. En Belgique, flamands et wallons coexistent à grand peine. C’est d’extrême justesse qu’avant même le Brexit, les Ecossais ont rejeté l’indépendance à laquelle aspirait leurs principaux dirigeants. La liste n’est pas exhaustive. À qui le tour ? À qui la faute, surtout ?
La construction européenne, telle qu’elle s’est déployée depuis plus d’un demi-siècle, opère des transferts de souveraineté qui affaiblissent nécessairement les vieux États-nations sans pour autant assurer la légitimité démocratique d’une Union digne de ce nom. Les règles mises en place par les traités qui la constitue – Maastricht et Lisbonne notamment – ont fait de l’Europe le siège d’une orthodoxie monétaire et budgétaire de plus en plus douloureuse, en temps de crise. Faut-il s’étonner que cette construction inachevée, trop faible dans ce qu’elle a de fort, trop forte dans ce qu’elle a de faible, libère des forces identitaires qui plongent leurs racines dans l’Histoire et trouvent leur légitimité dans une aspiration à plus de protection.
L’Europe qui avance nourrit a minima les régionalismes au nom du principe de subsidiarité. L’Europe qui piétine ou se rétracte attise les populismes de tous poils. Lorsque mouvements identitaires et forces populistes se marient, c’est le désir de sécession qui s’affiche sans fard. Aujourd’hui, on en est là, à la fois à mi-route et au bord du gouffre et, du même coup, c’est toute l’Union qui s’interroge. Faire une pause ou un nouveau pas en avant ? Rétablir les bases d’une véritable fédération d’État-nations ou avancer sur la voie d’un fédéralisme assumé ?