Chapitre 5 : Issy, ville connectée

 

Fouad Alaoui : Qu’est-ce qui vous a inspiré cette ville connectée à une époque où le web n’arrivait pas encore ? Est-ce qu’André Santini et vous-même vous êtes inspirés d’une ville étrangère ?

 

Eric Legale, directeur de la communication d’Issy les Moulineaux : Dès que quelque chose arrive, André regarde, se documente et se lance.

 

Que prévoyez-vous encore, pour l’avenir ?

 

Eric Legale, directeur de la communication : Le numérique n’est qu’un outil mis au service des habitants pour faciliter leur vie quotidienne. Cela participe à l’ambiance et au confort de notre ville : les isséens moins l’occasion de râler car ils ne font pas la queue pendant trois heures aux services administratifs ou lorsqu’ils demandent un passeport.

 

Depuis le début des années 1990, on a commencé à réfléchir à ces questions-là. Nous avons été les premiers dans beaucoup de choses : mettre l’état civil en ligne sur Internet, ou payer le parcmètre avec son téléphone, c’était il y a déjà 10 ans. Aujourd’hui, PaybyPhone est utilisé par près de 200 villes en France. Ils ont même été rachetés par Volkswagen, preuve que cela fonctionne.

 

Ce qui nous caractérise par rapport à d’autres métropoles, c’est que nous avons une démarche à la fois pragmatique et surtout très horizontale. On s’intéresse à tous les services et à tous les secteurs, pas à une spécialité en particulier. Il y a du numérique pour les personnes âgées : dans les maisons de retraite, on utilise des robots. Pour les enfants, que l’on forme au code informatique : il n’y a plus de tableaux noirs avec des craies dans les écoles depuis longtemps, dans ces domaines, nous avons été vraiment novateurs.

 

Et pour les personnes âgées qui ne maîtrisent pas toujours l’informatique ?

 

André Santini : On a créé un passeport.

 

C’est-à-dire ?

 

Eric Legale, directeur de la communication : Il y a un passeport du numérique qui permet de les former. Elles sont accompagnées. Mais il ne faut pas les sous-estimer : elles se débrouillent bien mieux que ce que l’on raconte !

 

André Santini : Ils ont raté l’informatique mais ils n’ont pas raté les nouvelles technologies. Et les enfants, n’en parlons pas ! Tout le monde sait qu’ils sont très dégourdis, ils ont même des petits robots chez eux.

 

Eric Legale, directeur de la communication : L’innovation est dans tous les domaines, pas seulement dans le numérique. Le numérique n’est qu’un outil. L’idée est surtout que nous accompagnons le développement de ces usages. Ce n’est pas du futurisme que l’on fait. On regarde ce qui se passe ailleurs : pour le numérique, on regarde ce qui se passe aux Etats-Unis, on regarde aussi beaucoup l’Asie qui est à la pointe dans ce domaine actuellement. On essaie d’importer des idées en se demandant si cela peut apporter quelque chose en termes d’usage pour la vie quotidienne des habitants. On a toujours un temps d’avance. C’est l’intérêt d’avoir démarré très tôt et de ne s’être jamais arrêté. On a démarré avec de petits moyens et aujourd’hui, j’ai un budget qui est inférieur à ce qu’il était il y a 10 ans. Mais on arrive à faire tout ça, question d’expérience.

Comme nous avons une image de marque de ville ouverte à l’innovation, on vient nous voir en nous disant : « On a telle idée. Seriez-vous d’accord pour nous accompagner ? ». On sert de show-room. Cela donne des idées et quand cela se développe, nos habitants sont les premiers à en bénéficier : on a été la première ville 100% fibrée, la première où toutes les écoles sont équipées… Cela veut dire que nous avons une population qui n’a pas de revendications sur ces questions-là. Contrairement à d’autres villes, les isséens ont tout à leur disposition.

« Les gens ici sont plus connectés que la moyenne des Français. Quand ils viennent dans leur boutique de télécom, c’est déjà pour demander des objets connectés que la plupart des Français n’utilisent pas encore aujourd’hui. » On a une population très avertie : notre force est de les accompagner.

 

Donc ils sont demandeurs… ?

 

Eric Legale, directeur de la communication : Oui, mais sans le revendiquer parce qu’ils savent qu’ils sont déjà à la pointe. On est dans le futur par rapport à Paris. Pour la 5G, on est techniquement déjà équipés.